Négocier les vagues

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Matis
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Négocier les vagues

Message par Matis »

Bonjour les amis
Une question me taraude et j’aimerais connaître les avis de nos experts.
Comment négociez vous les vagues quand la mer est formée ?
Frontalement à la hussarde, en biaisant, bateau de face , etc ???
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Igloo
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Re: Négocier les vagues

Message par Igloo »

Une question préliminaire, important les préliminaires !!!
Bateau à moteur ou à voile sous voiles ?
Igloo en attente
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Igloo
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Re: Négocier les vagues

Message par Igloo »

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Igloo
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Re: Négocier les vagues

Message par Igloo »

Un rappel important pour décider quoi faire dans les vagues à la barre d'un bateau sous voiles.
Le bateau navigue exclusivement avec le vent apparent qui est la résultante du vent réel et du "vent" créé par le mouvement de la coque (sur le fond). En effet la coque est soumise a sa vitesse,au courant, à la vague et à sa propre dérive.
On peut vouloir garder son "allure" (angle entre vent apparent et axe du bateau) et donc adapter son cap à la conservation de son allure où on peut vouloir garder son cap et adapter sa voilure au nouveau vent apparent.
C'est tout l'art du barreur et de son équipage dans la négociation des trains de vagues suivant leurs directions par rapport à la coque.
Igloo défricheur
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Re: Négocier les vagues

Message par olof »

Bonjour,
Tabarly préconisait de prendre les vagues de front. Il avait d'ailleurs durement tancé un de ses équipiers qui faisait des "s" pour négocier les vagues en lui disant que ce n'est pas de cette façon que l'on gagne du temps et que la plus courte distance entre un point et un autre est la ligne droite.
Bon, c'était quand même Tabarly...
En ce qui me concerne, je déteste entendre taper ma coque et jusqu'à une mer de force 3 sur l'échelle de Douglas je me contente de trouver le bon angle d'attaque pour que le bateau garde un cap correct, ne ralentisse pas trop et passe la vague en souplesse.
Au delà, je range le pilote et je barre "à la lame", comme m'a appris mon grand-père quand on rentrait de Couronne sur le Vieux Port avec un coup de Largade.
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Koala
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Re: Négocier les vagues

Message par Koala »

Et bien personnellement, je ne saurais pas trop, que conseiller, en fonction de mes expériences.
Voilà ci-dessous le récit d'un retour des Baléares avec une fin de traversée musclée.
Je précise que le moteur de l'époque était un 18 CV....un peu faible pour la taille du bateau.

Qu'auriez-vous fait dans ces conditions ?

Amitiés

A 3 heures, le feu du cap San Sebastian apparaît, tandis que le vent permet de nouveau de marcher à la voile. Je renvoie, une fois de plus, grand voile et génois et stoppe le moteur. Deux heures plus tard, nous sommes à hauteur d'El Estartit. Il ne reste plus que 10 milles pour Cadaqués, allons nous éviter le coup de vent ?
Mais ça tombe de nouveau, pour me laisser une fois de plus au moteur, tout affalé. Encore une demi-heure et cette fois ça y est, la Tramontane se lève, alors que nous sommes au milieu du golfe de Rosas. Je déroule un peu le foc, histoire d'améliorer la vitesse, et commence à tirer un long bord vers Rosas, avant de virer vers Cap Creus, le bord suivant devrait me mener à Cadaqués. Il ne reste plus que 5 milles à courir !
Mais c'est déjà trop tard, en quelques minutes, le vent se déchaîne, 25, 30, puis 35 nœuds, tandis que la mer se creuse en se couvrant de moutons. J'hésite à faire demi-tour, alors que nous sommes tout près du but ; finalement, je décide de continuer. Je n'ai pas envie de renvoyer la grand voile au bas ris et me contente de rouler un peu plus le foc.
Mais bientôt c'est l'enfer ou presque ; nous sommes à quelques encablures de l'avancée de Cadaqués, à moins de 2 milles du but. L'anémomètre monte à 48/50 nœuds, le vent souffle en force sous des rideaux de pluie. Les vagues sont maintenant très creuses, KOALA cogne dedans avec un grand choc. Dominique me passe régulièrement des serviettes éponge, qui servent d'étanchéité entre le col de ma veste et mon cou et qui sont vite trempées.
J 'ai passé un masque de plongé, mais ne vois pas grand-chose, car embruns et pluie brouillent la glace. J'y vois quand même suffisamment pour me rendre compte que le bout de foc qui nous reste se déchire de nouveau. Aidé de Xavier, sorti me donner un coup de main, je me dépêche de le rouler et c'est le moteur, qui à la charge de nous pousser jusqu'à l'escale, à moins d'un mille de là.
Ce dernier mille sera très pénible, j'ai poussé le moteur à 95 % du maximum, malgré cela nous ne marchons qu'à 2 nœuds face au vent. Les lames sont très escarpées, le bateau retombe dans les creux, avec un choc très impressionnant. Si j'abats un peu, pour prendre les vagues un peu plus de biais, l'étrave est entraînée sous le vent et revient difficilement au cap. Bien sûr, ce n'est rien par rapport à ceux qui ont subit les ouragans des mers lointaines, mais c'est quand même pas mal !
A l'intérieur, on n'en mène pas large. Xavier a déjà connu le coup de vent de l'aller, mais celui-là est de la taille au-dessus, c'est d'ailleurs une tempête d'après l'échelle de Beaufort. J'aurai même une rafale à 58 nœuds, qui fait gîter le bateau, pourtant à sec de toile. C'est alors que Dominique passe alors la tête par le capot, pour me dire qu'elle commence à avoir peur, "Ne faudrait-il pas mettre en fuite ?". Quant à Anne, Blandine et Benoît, je ne sais pas où ils en sont et s'ils ont déjà commencé à prier !
Je peux quand même rassurer mon épouse, le bateau ne risque rien, le moteur ne peine pas et nous ne sommes plus loin du but. Nous y entrons une demi-heure plus tard, le vent ne souffle plus qu'à 40 nœuds ce qui me semble presque un doux zéphyr et il n'y a plus de vagues. Dans la baie, près du village, une quinzaine de bateaux sont mouillés ; à nous de trouver une bonne place. J'appelle mon équipage, qui enfile pulls et cirés, pour venir à la manœuvre.
Dominique prend la barre, pendant que je vais à l'avant avec Xavier, pour préparer le mouillage. Comme les fonds sont de mauvaise tenue, il s'agit de faire crocher l'ancre du premier coup, sinon nous n'allons pas nous amuser. Je décide de nous mettre dans la partie profonde, à quelques 300 mètres du village, où il y a 12 mètres de fond. La manœuvre est faite correctement, en culant au fur et à mesure de la descente de la chaîne. Je file 70 mètres et KOALA s'arrête, tandis que la ligne se tend.
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Igloo
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Re: Négocier les vagues

Message par Igloo »

Je me garderais bien de commenter ce récit musclé tranquillement installé dans mon fauteuil ! Tout est bien qui finit bien.
Le capitaine décide. Après chaque événement, il accumule une expérience qui fera que ces décisions seront de plus en plus éclairées. La part laissée à la chance diminuera sans jamais disparaître complètement.
Igloo chanceux
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Matis
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Re: Négocier les vagues

Message par Matis »

Igloo j'adore ta philosophie

J'apprécie vos expériences et j'ai une question subsidiaire : quelle est l'erreur à ne surtout pas commettre ?
Placer son bateau parallèlement à la vague par exemple
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Igloo
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Re: Négocier les vagues

Message par Igloo »

Trop dur de répondre à ta question.
Indépendamment de la performance sous voiles dans la mer, coté sécurité, il n'y a qu'une vague déferlante qui présente un réel danger pour les bateaux. On n'est plus dans les sensations mais dans la survie !
Et là le rapport entre longueur du bateau et taille de la vague est important. Une évidence.
Ne pas confondre un gros mouton et une déferlante. Sur les plages les vagues déferlent même sans vent transformant la houle par effet de manque de profondeur.
Cette cause existe partout où il y a une remontée des fonds. Une étude précise de la carte associée à une carte d'état de la mer peut permettre d'éviter les zones à risque (Golfe de Gascogne, approche des ports, ....).
Une bonne attitude devant la vague peut aussi être tout simplement d'éviter de se faire tremper ou de tout casser à l'intérieur par un coup de gîte mémorable !
Igloo "bathymètre"
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Re: Négocier les vagues

Message par Koala »

J'ai eu une autre situation un peu identique en 2019 lors de notre dernière croisière aux Baléares.

La traversée aller, assez ventée, de conserve avec Xavier sur Gabier III s'était terminée à Fornels.
Après quelques jours de repos, le programme était de faire le tour de Minorque, Xavier avec son équipage, tandis que notre petit-fils Quentin resterait sur Koala.

Le vendredi 19 juillet, nous avions prévu d'aller à Cala Grao. Il y avait une douzaine de nœuds de vent du Nord, avec un reliquat de houle assez important.
Gabier III appareille le premier, et nous le voyons s'éloigner en encensant pas mal dans la passe, où nous apercevons de loin de beaux rouleaux. Puis nous dérapons à notre tour, l'équipage ayant enfilé les gilets de sauvetage et étant bien amarrés aux lignes de vie.

En arrivant dans la passe, à notre tour nous prenons les rouleaux...peut-être 1m50 de creux. Koala tangue sèchement en plongeant l'étrave dans la plume....
Il y aurait moins d'un demi mille à subir ce tangage, avant de pouvoir abattre vers le SE, mais Quentin est littéralement terrifié. Inutile de le rendre malade de peur...
Nous faisons donc demi-tour et retournons mouiller dans la baie, jusqu'au lendemain et de meilleures conditions.

Seul inconvénient: VHF et portable ne passant pas, nous ne pouvons pas prévenir Xavier, qui nous attend à Cala Grao !

Comme dirait Igloo...."Autre décision du capitaine".

Amitiés
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